[Coordination] Les Langues Modernes, confinement et langues: choc collectif et solutions (1er volet)

Enfin disponible, le premier volet des Langues Modernes sur le confinement avec un focus sur le choc collectif et ses solutions.

Extrait de mon introduction…

Le projet d’un numéro des Langues Modernes sur l’enseignement en période de pandémie et de surcroît pendant un confinement a été victime de son succès et de son contexte. A l’origine pensé comme étant un seul numéro qui devait sortir rapidement, notre idée s’est transformée devant le nombre d’articles reçus en deux numéros complémentaires, qui se sont avérés non seulement extrêmement riches mais également difficiles à concrétiser justement au milieu d’une pandémie, de protocoles sanitaires changeants, de différentes formes de télétravail qui devaient bouleverser nos repères temporels, géographiques, familiaux et bien sûr et surtout professionnels. (…)

La difficulté à sortir ces deux numéros a aussi été un test de terrain, qui a montré les attitudes des unes et des autres face au retard, révélant les personnalités des collègues. Les masques sont tombés face à la souffrance : les uns dans la réelle empathie et l’humanité, les autres dans le reproche et la directive autoritaire et psychorigide, d’autres encore dans l’indifférence totale face à des situations personnelles gravissimes de maltraitances de proches en EHPAD, d’accumulations de décès, d’interdiction d’assister aux funérailles, de pertes d’emploi, occasionnant des situations également inédites dans une vie. Trois attitudes que tous les collègues ont pu côtoyer de la part de leur hiérarchie lors du confinement et après.

Ce retard assumé de la publication de ces deux numéros 2021 sur le confinement qui paraissent en 2022 est également très caractéristique de la somme de travail personnel et professionnel qu’a engendré l’émergence de ce virus dans nos vies : les échanges par courriel avec les collègues et les apprenants se sont immédiatement décuplés, les tâches se sont diversifiées et allongées, le nombre d’heures de préparation des cours à distance s’est accumulé, les autoformations durant la nuit pour maîtriser des nouveaux outils se sont multipliées en parallèle de situations personnelles et familiales d’une grande complexité. Le corps professoral, critiqué par les médias, le ministère et les familles des élèves, n’a pourtant pas compté ni ses heures ni son énergie pour faire face à des situations nouvelles d’enseignement et à différentes formes de détresses personnelles. (…)

Cette accumulation de fatigue, problèmes familiaux et ce télétravail systématiquement filmé et enregistré, où la « bonne figure » parfois feinte était de mise, révélant les chambres des apprenants et leur intimité personnelle ont également généré des comportements inédits de harcèlements entre collègues, entre collègues et apprenants et entre apprenants, ici via les réseaux sociaux (parfois supports de cours), là par courriels ou téléphone. Des tentatives de suicides d’apprenants isolés et harcelés, ayant perdu tous leurs repères, se sont enchaînées, mettant dans des situations tout à fait inédites les collègues non-formés à ce type de drames psycho-sociaux, les services juridiques et médicaux des établissements et les missions harcèlements. (…)

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